Les Églises catholique et protestante en République démocratique du Congo continuent de susciter l’intérêt de la classe politique. La désignation de Norbert Basengezi Katintima, ancien vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), à la tête du ministère des laïcs protestants est perçue comme une tentative d’infiltration de l’Église dans le processus électoral. Cette nomination contestée vise à briser l’alliance entre la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), qui ont uni leurs forces pour observer le processus électoral.
Depuis décembre 2022, la CENCO et l’ECC ont décidé de former une mission commune d’observation électorale afin de garantir un suivi transparent du processus électoral. Cette initiative conjointe a déjà permis de constituer un groupe d’observateurs qualifiés chargés de surveiller divers aspects du processus électoral. Cependant, les premiers résultats de cette mission ont révélé plusieurs irrégularités dans l’inscription des électeurs et ont mis en lumière les failles du processus électoral supervisé par la CENI. Face à cette contestation grandissante, les réseaux politiques au pouvoir cherchent à affaiblir la solidarité entre la CENCO et l’ECC en utilisant la nomination de Basengezi Katintima comme moyen de diviser les deux Églises.
La nomination de Basengezi Katintima à la tête du ministère des laïcs protestants a été contestée par Jeff Pambi, secrétaire national sortant du ministère. Pambi affirme que cette élection a été entachée de corruption et de trafic d’influence. Il dénonce le non-respect des procédures et la participation de personnes non autorisées lors du congrès. Ces révélations soulèvent des inquiétudes quant à une possible ingérence politique dans les affaires de l’Église protestante et remettent en question l’indépendance de cette dernière.
Cette situation crée des tensions au sein de l’ECC et suscite des interrogations quant aux intentions réelles du pouvoir politique. Certains voient dans la nomination de Basengezi Katintima une tentative de contrôler l’Église et de fragiliser l’alliance entre la CENCO et l’ECC.
Face à cette situation, Jeff Pambi appelle les membres de l’ECC à s’opposer à cette ingérence politique et à préserver l’indépendance de leur Église. Il souligne que la nomination d’un dirigeant politique à la tête du ministère des laïcs protestants est contraire à l’esprit de l’Église et remet en question son rôle social et spirituel.
Cette affaire illustre les tensions entre la politique et la religion en République démocratique du Congo. Les Églises catholique et protestante, en s’engageant activement dans le suivi du processus électoral, sont devenues des acteurs clés de la vie citoyenne et jouent un rôle important dans la promotion de la transparence et de la démocratie. Cependant, cette implication suscite des réactions politiques, ce qui soulève des questions sur l’indépendance des Églises et leur capacité à préserver leur intégrité face aux pressions politiques.
Il est essentiel de préserver l’autonomie des institutions religieuses dans leur rôle de défenseurs des droits et de garants de l’intégrité du processus électoral. La société civile et la communauté internationale doivent soutenir ces Églises dans leur engagement en faveur de la transparence et de la démocratie, afin de garantir des élections libres et équitables en République démocratique du Congo.