Ultimatum de la Cédéao au Niger : vers une résolution pacifique ou une intervention militaire ?

Un regard sur l’actualité : l’ultimatum de la Cédéao au Niger prend fin dans trois jours

Au Niger, l’ultimatum de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) arrive bientôt à son terme. Dimanche dernier, l’organisation régionale a demandé la libération immédiate du président nigérien Mohamed Bazoum ainsi que le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans un délai d’une semaine. Faute de quoi, elle se dit prête à prendre toutes les mesures nécessaires, y compris le recours à la force. Alors que l’échéance approche, où en sont les discussions et quelles pourraient être les actions militaires de la Cédéao ? Olushegun Adjadi Bakari, ministre des Affaires étrangères du Bénin, répond aux questions de Pierre Firtion.

Une délégation de la Cédéao, dirigée par l’ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar, devait se rendre à Niamey ce 2 août 2023. Cette visite était considérée comme une dernière chance pour la médiation ?

Olushegun Adjadi Bakari explique que cette visite de médiation est conforme à la vision des chefs d’État de la Cédéao, qui privilégient toujours le dialogue et la recherche de solutions pacifiques. Il précise que tant que l’ultimatum n’est pas encore expiré, toutes les possibilités susceptibles de conduire à une issue acceptable seront explorées.

Il est également noté que l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou mène des négociations en coulisses. Qu’est-ce qui est proposé aux militaires putschistes aujourd’hui ?

Le ministre des Affaires étrangères du Bénin souligne que les chefs d’État de la Cédéao ont été très clairs sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un coup d’État, mais plutôt d’une prise d’otages ou d’un kidnapping. Dans ce contexte, l’objectif principal est d’obtenir la libération du président Bazoum, élu démocratiquement par le peuple nigérien, afin qu’il puisse reprendre ses fonctions présidentielles.

Il reste-t-il encore de l’espoir pour une résolution pacifique de la crise ?

Le ministre exprime un certain espoir, mais il souligne également que les valeurs démocratiques et la stabilité politique doivent prévaloir au sein de la Cédéao. Il rappelle que les chefs d’État ont clairement indiqué que toutes les options, y compris le recours à la force, seraient envisagées si les militaires refusent de rendre le pouvoir d’ici le 6 août.

En cas d’intervention militaire, quels pays membres de la Cédéao pourraient être impliqués ?

Le ministre affirme que tous les pays membres de la Cédéao, y compris le Bénin, sont prêts à participer à la résolution de la crise, si nécessaire. Cependant, il souligne également qu’il est préférable d’éviter d’en arriver là et de privilégier le dialogue et la négociation.

La réunion des chefs d’état-major de la Cédéao à Abuja jusqu’au 4 août est-elle destinée à mettre en place un plan d’intervention militaire d’ici dimanche ?

Le ministre explique que cette réunion fait partie de réunions régulières et que la force en attente de la Cédéao est déjà opérationnelle depuis un certain temps. Il indique qu’une convergence opérationnelle existe déjà, mais les détails de la mise en œuvre de l’intervention militaire sont gérés par les instances compétentes.

Existe-t-il des craintes que cette intervention militaire puisse déclencher un conflit régional en suscitant des réactions hostiles de la part des militaires au pouvoir au Mali et au Burkina Faso ?

Le ministre rappelle que l’objectif n’est pas d’intervenir contre un pays, mais de libérer une autorité démocratiquement élue prise en otage. Il souligne que les mesures prises seront conformes aux valeurs démocratiques et à la préservation de la stabilité régionale.

En conclusion, la situation au Niger reste tendue alors que l’ultimatum de la Cédéao arrive à son terme. Les négociations et les efforts de médiation se poursuivent, mais les chefs d’État de la Cédéao se préparent également à prendre des mesures plus fermes, y compris le recours à la force, si nécessaire. L’avenir politique du Niger dépendra donc de la capacité des différents acteurs à trouver une solution pacifique pour rétablir l’ordre constitutionnel et préserver la stabilité de la région.