La menace d’une intervention militaire au Niger se fait de plus en plus pressante. L’ultimatum fixé par la Cédéao expire ce dimanche 6 août, ce qui suscite une grande inquiétude au sein de la communauté nigérienne en France. Samedi, environ 200 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade du Niger à Paris, répondant à l’appel du parti de Mohamed Bazoum. Ils ont exprimé leur préoccupation ainsi que celle de leurs proches sur place, face à la menace militaire et quant à l’avenir du pays. En Côte d’Ivoire, les ressortissants nigériens sont tout autant préoccupés.
Zeinabou, qui vit à Paris, suit de près la situation dans son pays d’origine. Elle a bravé la pluie pour participer à la manifestation et s’opposer au coup d’État au Niger. Elle déclare : « Je suis là pour défendre mon président, élu par le peuple. Le Niger n’appartient pas aux militaires, il nous appartient ! Nous sommes ici aujourd’hui pour la paix ». Boubacar, également présent, arbore un t-shirt avec le slogan « Stop à la tentative de coup d’État, Oui pour le retour à l’ordre constitutionnel ». Il exprime ses craintes en déclarant : « Au rythme où cela va, j’ai peur que les militaires ne reculent pas ».
Pour ces ressortissants nigériens, la situation est préoccupante, car les prix augmentent et il devient plus difficile de retirer de l’argent au Niger. De plus, la crainte d’un conflit pèse lourdement sur leur vie quotidienne. Boubacar confie : « Mes parents ont peur. Peur pour le pays, peur qu’il y ait différentes factions qui s’affrontent. Mes parents sont des démocrates, ils ont peur pour la démocratie ». Il ajoute également : « Je pense à moi, à mes enfants. À tout moment, ces militaires peuvent intervenir, peu importe la raison. Nous n’en avons pas besoin. L’Afrique doit avancer, le Niger doit avancer. Si chaque fois qu’il y a un coup d’État qui perturbe la démocratie, nous n’avancerons pas ».
En cas de conflit, la communauté nigérienne en France espère pouvoir se soutenir mutuellement pour surmonter les épreuves. Le Premier ministre nigérien, Ouhoumoudou Mahamadou, présent à Paris lors de la manifestation, espère lui aussi que la négociation l’emportera avant la fin de l’ultimatum de la Cédéao et qu’une intervention militaire pourra être évitée.
En Côte d’Ivoire, où vivent environ 750 000 Nigériens, les ressortissants nigériens suivent également de près la situation au Niger et les négociations en cours au niveau régional. Dans le quartier Haoussa Bougou de la commune de Koumassi à Abidjan, des membres de la communauté nigérienne expriment leur soutien à Mohamed Bazoum et condamnent les putschistes. Selon eux, le Niger est un État de droit et le président Bazoum a été légitimement élu. Ils appellent à une intervention de la Cédéao pour rétablir l’ordre constitutionnel.
Cependant, d’autres appellent à privilégier la voie diplomatique plutôt qu’une intervention militaire. Ils estiment que le Niger n’a pas besoin de la guerre et demandent à la Cédéao de sauver le peuple nigérien par le biais de la diplomatie.
La situation au Niger continue de susciter des inquiétudes et des débats au sein de la communauté nigérienne à travers le monde. La décision de la Cédéao quant à une éventuelle intervention militaire restera déterminante pour l’avenir du pays et de sa démocratie.