« Tunisie : Limogeage de la Première ministre suscite des interrogations et alimente la crise politique »

Le président tunisien Kaïs Saïed a décidé de mettre fin aux fonctions de la Première ministre Najla Bouden, dans un acte qui a suscité des interrogations et des spéculations quant à ses motivations. Cette décision intervient dans un contexte de crise politique et économique en Tunisie, où le président dirige le pays par décrets depuis son coup de force de 2021.

Najla Bouden avait été nommée Première ministre par Kaïs Saïed en octobre 2021, peu de temps après qu’il eut pris les pleins pouvoirs. Aucune explication claire n’a été donnée quant à son limogeage, mais il est largement soupçonné d’être lié à la crise du pain qui secoue le pays. En effet, des désaccords entre la présidence et le gouvernement concernant la politique de subvention du pain auraient émergé ces derniers temps.

Le président a nommé Ahmed Hachani pour succéder à Najla Bouden. Peu connu du grand public, Ahmed Hachani est un juriste de formation qui a principalement travaillé à la Banque centrale tunisienne. Ses positions politiques restent floues, bien que des posts sur son profil Facebook suggèrent des tendances anti-islamistes et son attachement à l’Espérance sportive de Tunis, l’un des principaux clubs de football du pays.

Il convient de souligner que les pouvoirs du nouveau Premier ministre seront très limités, car la nouvelle constitution tunisienne ne nécessite pas le vote de confiance du Parlement pour désigner le chef du gouvernement. Ainsi, l’exécutif conserve une grande partie du pouvoir décisionnel.

La Tunisie traverse actuellement une crise politique et économique profonde. Le pays est lourdement endetté, avec une croissance faible, une pauvreté croissante et un taux de chômage élevé. La situation est d’autant plus préoccupante que les élections législatives de fin 2022 ont été marquées par un taux de participation très faible, le boycott des partis d’opposition et le manque de confiance des électeurs.

En outre, le président Saïed a ordonné à plusieurs reprises le limogeage de ministres sans donner de motifs clairs, et de nombreuses arrestations ont eu lieu, visant des opposants politiques et des personnalités, sur des accusations de complot contre la sûreté de l’État, qualifiés de « terroristes » par le président. Ces actions ont été vivement critiquées par les organisations de défense des droits de l’homme, qui dénoncent un manque de preuves et des atteintes aux libertés fondamentales.

Dans ce contexte turbulent, il est essentiel de suivre de près l’évolution de la situation en Tunisie et de comprendre les répercussions politiques et économiques de ces événements récents. La stabilité du pays et le respect des libertés individuelles sont des enjeux cruciaux pour l’avenir de la Tunisie.