Guerre de pouvoir et corruption en RDC : la bataille entre une ministre et un inspecteur général de la police judiciaire fait trembler le pays

La guerre entre Rose Mutombo, ministre d’État à la Justice, et Antoine-Camille Boyau, Inspecteur général de la Police judiciaire des parquets, fait rage dans les cercles politiques congolais. Au centre des tensions : la gestion des fonds secrets de recherches et le gel de certains dossiers sensibles relatifs aux détournements de deniers publics et à la fraude fiscale.

Dans une correspondance échangée entre les deux protagonistes et consultée par AfricaNews, les échanges sont houleux et les termes violents. La ministre Mutombo a écrit en novembre 2022 à l’Inspecteur général Boyau au sujet de la clé de répartition des fonds secrets, représentant une somme de 789,37 millions de Francs congolais. Cependant, selon des sources au sein de la Police judiciaire des parquets, dix-huit projets de réquisitions d’informations remis par Boyau au Parquet depuis novembre 2022 n’ont jamais été signés.

La découverte de 25 containers saisis à Kingabwa, en lien avec l’importation d’un data center par la société Vodacom, semble être liée à cette affaire. Certains soupçonnent la ministre d’œuvrer en faveur des opérateurs économiques visés par ces enquêtes. En mars 2023, la ministre a engagé une action disciplinaire contre l’Inspecteur général Boyau, l’accusant d’une « faute grave » pour ne pas s’être présenté à son poste après son congé de restitution.

Boyau a présenté des justifications médicales pour expliquer son absence, mais cela n’a pas convaincu la ministre, qui a maintenu sa décision de le suspendre en invoquant l’existence d’un dossier judiciaire. Cependant, Boyau a contesté cette suspension, arguant que les poursuites judiciaires en cours n’avaient pas de lien direct avec l’action disciplinaire et ne pouvaient justifier une suspension prolongée au-delà du délai légal.

Selon le camp de l’Inspecteur général suspendu, cette mise à l’écart vise à l’éloigner de la gestion des fonds secrets de recherches et à l’empêcher de mener les enquêtes sur les dossiers sensibles, notamment ceux impliquant Vodacom et le détournement de la paie des fonctionnaires de l’État par un ancien Premier ministre. Ils dénoncent les manœuvres de la ministre pour couvrir ces écarts.

Cette guerre ouverte entre Rose Mutombo et Antoine-Camille Boyau met en lumière les enjeux de pouvoir et de corruption qui persistent en République démocratique du Congo. Les conséquences de cette bataille politique sont significatives non seulement pour les personnes impliquées, mais aussi pour la stabilité du pays. La vérité sur les détournements de fonds et la fraude fiscale doit être mise en lumière pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions et lutter contre l’impunité.