Affaire BIAC : classement sans suite pour l’ex-DG Michel Losembe, où en est la liquidation ?

L’affaire BIAC, qui a ébranlé le monde financier congolais ces dernières années, vient de connaître un nouveau rebondissement. Michel Losembe, l’ex-directeur général de cette institution financière, a vu son dossier judiciaire classé sans suite, marquant la fin d’une enquête complexe. Cette décision est un véritable soulagement pour Losembe, qui avait été accusé par la Banque centrale congolaise (BCC) de « violation de la loi n°003/2002 du 2 février 2002 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit ». L’affaire, qui a impliqué d’autres dirigeants de la banque, a ouvert un chapitre sombre de la BIAC, qui est actuellement en cours de liquidation.

C’est dans une correspondance signée par Firmin Mvonde Mambu, Procureur général près la Cour de Cassation de la RDC, que l’on a appris la nouvelle le 12 avril 2023. Cette décision met fin à une enquête très complexe qui a duré plusieurs années et qui a suscité de vives réactions dans le monde financier congolais.

L’affaire BIAC avait de quoi inquiéter. Cette institution financière est l’une des plus influentes de la République démocratique du Congo, et l’une des plus importantes aussi. La situation qu’elle a connue ces dernières années témoigne des défis qui attendent les institutions financières dans cette région du monde. En effet, la banque a connu une période tumultueuse suite à la suspension d’une ligne de refinancement de 40 milliards de francs congolais assurée habituellement par la Banque Centrale. Cette suspension, qui a duré quelques mois, a eu des répercussions très négatives sur la santé financière de la banque et a contribué à une crise de confiance qui a fait fuir les déposants.

Aujourd’hui, la décision de justice annoncée le 12 avril 2023 permet à Michel Losembe de tirer un trait sur une période de sa carrière très éprouvante et de voir l’avenir plus sereinement. Mais elle laisse aussi planer de nombreuses questions sur l’affaire BIAC dans son ensemble. En effet, les déposants et employés de la banque, qui ont attendu une résolution équitable de leur situation depuis 2016, continuent d’attendre des réponses claires. En fin d’année 2016, les actionnaires de la BIAC avaient décidé de sa liquidation, une résolution que la Banque centrale avait contestée. Cette décision avait été prise sans l’intervention de l’administration provisoire et des autorités de régulation et de contrôle bancaire en charge du redressement de la BIAC.

Face à cette situation, le gouvernement congolais a pris des mesures pour résoudre la liquidation de la BIAC. En février 2023, il s’est engagé à rembourser les déposants à hauteur d’au moins 121,5 millions de dollars, une décision qui se veut rassurante pour les parties concernées. Mais cette décision est-elle suffisante pour apaiser les tensions ? Pour l’heure, la question reste en suspens.

L’affaire BIAC a mis en lumière les défis auxquels sont confrontées les institutions financières en RD Congo et la nécessité d’une bonne gouvernance dans le secteur bancaire. C’est une affaire qui a secoué le monde financier congolais et qui a mis plusieurs années à se conclure. Aujourd’hui, l’avenir de la BIAC est incertain, mais toute la profession se doit de tirer des leçons de cette histoire pour éviter de nouvelles catastrophes.