« La multiplication des agences gouvernementales en RDC : une nécessité ou un gaspillage des ressources publiques ? »

La multiplication des agences gouvernementales et structures rattachées à la Présidence de la République en République Démocratique du Congo (RDC) soulève des interrogations quant à leur nécessité et à leur impact sur les finances publiques. Depuis son arrivée au pouvoir, le Président Félix Tshisekedi a créé plusieurs agences, telles que l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC), le Conseil présidentiel d’éveil stratégique (CPVS) ou encore l’Agence pour le développement du numérique.

Cependant, certains experts remettent en question l’utilité et la clarté des mandats de ces agences. Jacques Mukena, chercheur en gouvernance, souligne que certaines d’entre elles chevauchent les attributions d’institutions déjà existantes, ce qui crée une confusion des mandats. Par exemple, l’APLC empiète sur les compétences de l’Inspection Générale des Finances (IGF), tandis que l’Agence pour l’amélioration du climat des affaires semble remplacer l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI).

Cette concentration excessive de pouvoir entre les mains du Président pose également des problèmes de transparence et de surveillance. Les agences directement rattachées à la Présidence échappent aux mécanismes de contrôle habituels, tels que le contrôle parlementaire, ce qui peut donner l’impression d’un gouvernement parallèle et informel. Face à cela, certains citoyens estiment que des institutions existantes, telles que l’IGF, font un meilleur travail dans la lutte contre la corruption que les nouvelles agences créées.

Outre ces questions de mandat et de contrôle, une préoccupation majeure réside dans le coût financier de la création de ces agences. En effet, leur fonctionnement nécessite des ressources importantes, notamment pour l’embauche de personnel et les frais de fonctionnement. Cela accentue le caractère budgétivore de l’État congolais, qui est appelé à réduire ses dépenses. Si certaines agences bénéficient de financements extérieurs, d’autres requièrent une allocation de ressources considérables de la part du gouvernement.

Face à ces interrogations, il est nécessaire d’évaluer la pertinence et l’efficacité de ces agences gouvernementales et structures rattachées à la Présidence. Il est essentiel de clarifier leurs mandats, d’assurer leur supervision et leur redevabilité, tout en cherchant à optimiser l’utilisation des ressources financières de l’État.

En conclusion, la multiplication des agences gouvernementales en RDC soulève des questions légitimes quant à leur nécessité, leurs mandats et leur impact financier. Il est primordial de garantir la transparence, la clarté des responsabilités et le contrôle de ces agences pour assurer une gestion optimale des ressources publiques. Le développement du pays ne peut se faire qu’à travers des institutions efficaces et responsables qui travaillent dans l’intérêt du peuple congolais.