L’avènement du Conseil national pour la couverture universelle (CNCU) en République démocratique du Congo (RDC), par l’ordonnance du président Félix Tshisekedi, a suscité des attentes et des interrogations quant à sa capacité à assurer une couverture santé efficace pour tous. Depuis sa création, le CNCU a principalement axé ses efforts sur la gratuité des naissances, laissant de côté d’autres questions importantes liées à la couverture santé universelle.
Il est essentiel de reconnaître que la vision du président Tshisekedi de parvenir à une sécurité sociale globale et à des soins de santé accessibles pour tous est louable. Cependant, le CNCU dans sa forme actuelle ne semble pas être doté des ressources nécessaires pour garantir une couverture optimale. De plus, les modalités de sa mise en œuvre et la prise en charge des différentes maladies doivent être étudiées de manière approfondie.
Une des principales faiblesses du CNCU est qu’il ne garantit pas la gratuité des soins de santé, mais simplement le report du paiement direct pour éviter d’appauvrir les ménages en difficulté. Cependant, il est légitime de se demander quelles seront les contreparties à ce report. Les hôpitaux partenaires du CNCU pourraient-ils être confrontés à la faillite si les gouvernements tardent à agir de manière efficace ?
Face à ces enjeux, il est proposé la création d’une « Caisse de santé » qui constituerait un réel soutien pour la mise en œuvre concrète de la couverture santé universelle en RDC. Cette caisse pourrait s’appuyer sur les assujettis et les bénéficiaires des caisses de sécurité sociale existantes, telles que la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale) et la CNSSAP (Caisse nationale de sécurité sociale pour les agents publics). Ces deux caisses regroupent déjà plus de 30% de la population et pourraient servir de base solide pour la mise en place de la Caisse nationale de santé.
Il est important de souligner que les soins de santé sont une branche essentielle de la sécurité sociale et méritent une attention particulière. Les cotisations sociales, contrairement aux impôts, sont souvent perçues de manière plus agréable par les populations bénéficiaires, car elles garantissent une contrepartie directe sous la forme de services de santé et sociaux.
Il est donc nécessaire de fournir des efforts matériels et intellectuels pour fusionner les données techniques des prestataires et des bénéficiaires, ainsi que les ressources financières générées par les cotisants des caisses de sécurité sociale existantes. Cette fusion des données permettrait d’établir une base solide pour la Caisse nationale de santé et d’assurer dans un premier temps une couverture santé universelle pour les travailleurs actifs, les retraités et leurs ayants-droits.
Il est encourageant de constater que des mesures ont été prises récemment pour intégrer les enseignants du secteur public, la police et l’armée dans le système de sécurité sociale existant. Cela montre que des avancées sont possibles et qu’une réelle volonté politique de garantir une couverture santé universelle existe.
En conclusion, la création du Conseil national pour la couverture universelle en RDC est une initiative positive qui vise à assurer des soins de santé accessibles pour tous. Cependant, des améliorations sont nécessaires, notamment en mettant en place une Caisse nationale de santé solide et autonome. En intégrant les ressources des caisses de sécurité sociale existantes, il est possible de garantir une couverture santé universelle plus efficace et durable pour l’ensemble de la population congolaise.