Enlèvements à Kinshasa : Les taximen face à la pression
La recrudescence des enlèvements à Kinshasa suscite une vive inquiétude parmi les habitants de la capitale congolaise. Les passagers se montrent de plus en plus méfiants dans les arrêts de bus, cherchant à choisir les véhicules dans lesquels ils monteront. Les réseaux sociaux regorgent d’appels à la vigilance et aux mesures de sécurité.
Afin de mieux comprendre la situation, ACTUALITE.CD a interviewé Hubert Nzuzi, un chauffeur de taxi travaillant à Kinshasa. Il nous livre son témoignage sur la pression grandissante qui pèse sur les taximen et sur les mesures à prendre pour lutter efficacement contre ce fléau.
Selon Hubert Nzuzi, la profession de taximan est fortement impactée par cette situation. Les clients sont de plus en plus réticents à monter à bord des véhicules de marque « Ketch », craignant d’être la cible des enlèvements. Cette mauvaise publicité nuit grandement à leur activité, notamment la nuit où les recettes sont encore plus difficiles à réaliser. Les taximen se retrouvent ainsi injustement soupçonnés d’être complices des commanditaires de ces actes.
Interrogé sur les mesures à prendre pour lutter contre ce fléau, Hubert Nzuzi estime que les autorités doivent s’impliquer davantage. Il propose notamment de déployer un grand nombre de policiers dans les arrêts de bus, chargés de vérifier chaque véhicule, chaque chauffeur et chaque passager. Selon lui, cette présence policière dissuaderait les auteurs d’enlèvements et réduirait les risques pour les passagers.
Hubert Nzuzi souligne également que tous les itinéraires sont potentiellement suspects à Kinshasa et qu’il est difficile de les identifier avec précision. Cependant, il mentionne que certains quartiers comme Ngaliema, Kintambo et Kinshasa sont souvent pointés du doigt. Le quartier Binza-Ozone est particulièrement cité.
En ce qui concerne l’identification des taxis suspects, Hubert Nzuzi explique que ces derniers se montrent souvent pressés et refusent de s’arrêter longtemps. Ils proposent parfois des tarifs inférieurs pour de longues distances, refusent d’obtempérer et refusent de baisser les vitres teintées de leurs portières. De plus, ils peuvent être repérés grâce à la présence de deux personnes à l’arrière du véhicule, prêtes à restreindre les mouvements du passager ou à lui administrer une substance somnifère.
En réaction à cette situation, les autorités policières ont récemment imposé aux taximen de retirer les vitres teintées ou de les baisser en permanence si elles sont d’origine teintées. Cependant, cette règle semble moins strictement appliquée la nuit, où les cas d’enlèvements continuent d’augmenter.
Face à ce phénomène inquiétant, il est primordial de renforcer la sécurité dans les arrêts de bus et de sensibiliser les passagers aux signes de danger potentiel. Les taximen eux-mêmes doivent également jouer un rôle actif en signalant tout comportement suspect ou toute situation anormale.
En conclusion, la recrudescence des enlèvements à Kinshasa met une pression considérable sur les taximen, qui voient leur activité et leur réputation affectées. Il est essentiel que les autorités prennent des mesures concrètes pour lutter efficacement contre ce fléau, en déployant notamment un nombre suffisant de policiers dans les arrêts de bus. La vigilance de chaque individu est également nécessaire pour prévenir les enlèvements et assurer la sécurité des habitants de Kinshasa.