Le vendredi 16 juin dernier, Joseph Kabila Kabange, l’ex-Chef de l’Etat de la République Démocratique du Congo, s’est exprimé à Kingakati sur la situation politique, sociale et sécuritaire du pays, provoquant une forte agitation dans l’opinion publique. Réputé pour son silence légendaire, cette prise de parole a suscité un débat sur le droit à la parole et le devoir de réserve qui incombe à l’ancien président.
L’obligation de réserve est un sujet sensible qui divise les acteurs politiques. Honoré Mvula, président du parti politique « Forces de patriotes » membre de l’Union sacrée, estime que Joseph Kabila est tenu de respecter les devoirs qu’impose la Loi sur le statut des anciens Présidents, notamment l’obligation de réserve, sous peine de sanctions. Cependant, le juriste et ancien magistrat Frédéric Bola a tenu à rappeler les nuances légales de cette obligation. Joseph Kabila, comme ancien président de la République, est soumis à l’obligation générale de réserve, qui l’interdit formellement de divulguer ou de révéler des secrets d’Etat. En dehors de ce cas précis, JKK, comme sénateur, n’est soumis à aucune autre obligation de réserve que celle précisée à l’article 5 alinéa 2 de la Loi portant statut des anciens Présidents de la République.
Frédéric Bola reconnait le droit de Joseph Kabila de parler librement et de s’adresser publiquement à ses partisans et/ou aux RD-Congolais, d’autant plus qu’il jouit du droit à la liberté d’expression garanti par l’article 23 de la Constitution. Toutefois, le juriste précise que Joseph Kabila pourrait s’exposer à l’infraction d’atteinte à sécurité extérieure de l’Etat, soit à celle de trahison, ou bien encore à celle d’espionnage, en fonction de la nature de ses propos.
Cette polémique autour de l’obligation de réserve rappelle la complexité de la situation politique en RDC. Les acteurs politiques insistent sur le respect des lois en vigueur, mais les interprétations divergent parfois selon les camps. Il faudra attendre les prochains développements pour savoir si Joseph Kabila sera sanctionné ou non.