Lutte contre la corruption forestière : la République démocratique du Congo et le Gabon se mobilisent
Le 24 mai dernier, à Kinshasa, la République démocratique du Congo (RDC) a ouvert un atelier bilatéral inter-agences avec le Gabon, facilité par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), pour échanger sur l’intégration de la prévention et la lutte contre la corruption dans le secteur forestier.
Les institutions et ministères impliqués dans la lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et la criminalité forestière, soit 20 personnes issues de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI) et de l’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption (APLC), seront réunis durant deux jours. L’objectif de cet atelier inter-agences est de soutenir l’intensification des efforts des autorités chargées des forêts et des agences mandatées pour la prévention et la lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux, et de renforcer la coopération inter-agences à cet égard.
Le secteur forestier doit être repensé pour être bénéfique aux populations tant en RDC qu’aux autres pays qui partagent la forêt équatoriale. « L’exploitation de nos ressources forestières ne profite pas suffisamment à nos populations ni à la RDC ni aux autres pays qui partagent la grande forêt équatoriale », a ainsi martelé Thierry Mbulamoko, Coordonnateur de l’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption.
Le Gabon, pays qui a déjà accumulé une expérience significative de 15 ans de lutte contre la corruption dans le secteur forestier, est également présent à l’atelier. Son Directeur général de l’Agence des activités de la filière bois, David Ingeza, explique leur nécessité de mener des actions de coopération pour améliorer la lisibilité sur la fiscalité forestière dans le bassin du Congo.
En effet, le Bassin du Congo a perdu plus de 22 millions d’hectares de son couvert forestier entre 2001 et 2018. L’agriculture itinérante ainsi que l’exploitation forestière sélective ont été parmi les principaux moteurs de cette perte de forêts. La croissance rapide de la population exerce une pression supplémentaire sur les ressources naturelles. En outre, l’expansion des infrastructures et de l’agriculture de subsistance pourrait devenir un facteur de risque supplémentaire pour la l’hécatombe forestière.
Dans le cadre de cette mission d’échanges et de partage sur les mécanismes de lutte contre la corruption dans le secteur forestier, plusieurs objectifs ont été fixés, notamment :
-Sensibiliser sur les risques de corruption liés à l’exploitation forestière illégale
-Renforcer la coordination interservices dans le cadre de la lutte contre la criminalité forestière et la corruption
-Renforcer la coopération bilatérale entre la République démocratique du Congo et le Gabon dans le cadre de la lutte contre la corruption liée à l’exploitation forestière et les flux financiers provenant des infractions forestières
-Partager les bonnes pratiques en matière de lutte contre la corruption, le blanchiment de capitaux et la criminalité forestière
À travers des initiatives comme cet atelier inter-agences, l’ONUDC rassemble les autorités de gestion des forêts, les agences mandatées pour la lutte contre la corruption, et d’autres parties prenantes en RDC et au Gabon pour lutter contre la corruption dans le secteur forestier. La sensibilisation de la population et une meilleure coordination entre les services des deux pays devraient permettre de réduire les pertes forestières et d’améliorer la gouvernance forestière.